La saison dernière, nous avons eu le bonheur de figurer parmi les lauréats de « la Fabrique à Chansons », ce dispositif national de la Sacem destiné à mettre en relation un auteur-compositeur-interprète, une classe et une salle de concert autour d’une création partagée. Projet participatif que nous avons finalement choisi de dupliquer à l’échelle du Neuhof, avec trois artistes du Weepers Circus et trois classes de trois écoles du quartier. A raison puisque ce triptyque a accouché d’une folle année de créations, d’explorations et de rencontres, ponctuée d’une belle restitution.
Cette saison, nous avons la chance d’être à nouveau lauréat d’un dispositif de la Sacem, « la Fabrique Electro » cette fois, dédié à la musique électronique. Après les enfants des écoles élémentaires,nous avons décidé de nous adresser aux grands collégiens de l’établissement voisin, le collège Solignac et à l’une de ses classes de 3e. En y associant un artiste d’envergure, Chapelier Fou, qui nous a marqué l’année dernière lors de son passage sur la scène de Django. Rencontre avec Louis, pour revenir sur son parcours et ce goût partagé de la transmission !
En quelques mots, qui se cache derrière l’artiste Chapelier Fou ?
Un jeune (?) messin qui est passé du violon aux synthétiseurs, avec un détour par le clavecin et la fac de musicologie. Depuis maintenant dix ans, je fais des disques, plus ou moins seul, qui articulent une musique presque exclusivement instrumentale, avec des influences classiques autant qu’expérimentales.
Comment s’est passée ta rencontre avec l’Espace Django ?
Je suis venu jouer avec mon groupe. C’était la première fois. Vu de Metz, je ne connaissais que la Laiterie. J’ai trouvé la salle très belle, avec une vraie personnalité, une très bonne acoustique, et une équipe aussi sympathique que pro. Honnêtement, ce fut l’une des meilleures dates de la tournée. Un excellent souvenir !
Dans les grandes lignes, en quoi consiste ce projet, la Fabrique Electro ? Tu as notamment souhaité partir des goûts et pratiques de chacun?
L’idée est simple : revisiter des chansons, avec ma touche personnelle, mais aussi celle des élèves, par le biais de leurs voix, de sons que nous élaborons ensemble, par leur implication en tant que musiciens. Autant que possible, j’essaye de privilégier les goûts musicaux de chacun pour choisir le répertoire sur lequel nous travaillons. Au final, nous voulons monter un petit concert, fourre-tout, entre musiques actuelles, rap, musique baroque expérimentale et karaoké. Ce projet est particulier car il concerne des collégiens de tout le Grand Est et de territoires très différents.
Peux-tu nous parler des acteurs de cette action d’ampleur ?
Deux autres salles sont parties prenantes : L’Autre Canal à Nancy et la MJC du Verdunois, avec à chaque fois une classe de collège, Thiaucourt dans un cas et Ancemont dans l’autre. Ce qui fait que les publics sont très hétéroclites. A Thiaucourt, les élèves sont plus jeunes (5è), d’un milieu rural et leurs goûts sont différents. Nous travaillons beaucoup sur le sampling pour fabriquer des banques de sons que j’utilise ensuite dans mes arrangements. La classe d’Ancemont est une grande classe d’« orchestre à l’école ». Ils interviennent donc en qualité de musiciens.
Qu’est-ce qui t’a poussé à embarquer ?
Sur le plan personnel, j’avais envie de faire un grand saut dans la musique populaire actuelle. Décortiquer, comprendre la manière de « consommer » la musique chez les 12-16 ans aujourd’hui. Comme je suis spécialisé dans la musique instrumentale, c’est vraiment intéressant et assez nouveau de travailler sur des chansons. J’apprends à me servir de nouveaux outils, de nouvelles techniques. Par exemple, l’« autotune » n’a plus de secret pour moi alors qu’il y a quelques semaines je n’aurais jamais imaginé me servir un jour de cet outil barbare !
Quel est ton ressenti après les premières séances ?
Le choc de la rencontre (avec les jeunes, et surtout avec la musique) a dépassé mes espérances. J’ai été, je l’avoue naïvement, un peu décontenancé par la teneur de certains textes, et une standardisation certaine de la production musicale. Mais on trouve tout de même quelques pépites, et des angles d’attaque qui permettent à la fois de contenter les élèves et de maintenir mon intérêt en éveil. Sinon, les jeunes sont vraiment attachants, et c’est vraiment une chance de pouvoir vivre un peu de leur monde, de l’intérieur. Tu mènes depuis longtemps des projets de transmission, de création partagée ou encore de résidence en milieu scolaire. Tu t’y consacres alors pleinement, mettant souvent de côté tes propres concerts.
Pourquoi un tel engagement ? Qu’est-ce qui te touche dans ces projets ?
Cela fait quelques années que je fonctionne ainsi. Une période de tournée, puis une période de création, entremêlée de projets de ce type, allant de la pédagogie à l’expérimentation. Je pense que je me nourris de ça. Ça me force à me mettre à l’épreuve de nouvelles situations, et j’en tire toujours quelque chose sur le plan personnel et artistique. Comme quoi, derrière l’« engagement », il y a souvent, aussi, un peu d’égocentrisme.
« J’avais envie de faire un grand saut dans la musique populaire actuelle. Décortiquer, comprendre la manière de "consommer" la musique chez les 12-16 ans aujourd’hui. »
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