« TRANSFORMER LES FREINS EN FORCE »

27.11.2020

Le 24 septembre s’est tenue à l’Autre Canal à Nancy l’assemblée générale de GRABUGE, le Réseau Musiques Actuelles Grand Est né en mars 2020. A cette occasion, l’organisation du Réseau a été précisée, avec la création de commissions, l’élection d’un nouveau Conseil d’Administration et l’affirmation de priorités définies collectivement parmi lesquelles la circulation des artistes, les pratiques éco-responsables ou encore l’observation et la ressource dans notre secteur. Emmanuelle Cuttitta, directrice de la SMAC le Gueulard Plus à Nilvange et par ailleurs membre du nouveau CA, revient avec nous sur l’histoire récente de GRABUGE et les défis qui sont désormais devant lui.

Tout a commencé début 2016, au lendemain des élections régionales et de l’avènement de la nouvelle région Grand Est. Tout s’est accéléré courant 2020, en particulier pendant le confinement. Dans l’intervalle, des idées, des échanges, des études ont permis au Réseau de prendre forme. Comment as-tu vécu cette longue et nécessaire maturation ?

Nous nous sommes vite rendu compte qu’il fallait s’organiser par étapes car les trois anciennes régions se sont avérées profondément différentes de par leur culture, leur fonctionnement et leur réalité, notamment en termes d’aménagement du territoire. Se sont donc mis en place différentes phases comme apprendre à se connaître, observer le fonctionnement de chacun des anciens territoires, partager les expériences, etc., des phases qui toutes ont généré beaucoup de débats.

Il était évident pour toi que la Région se devait de se doter d’un Réseau de filière dans les musiques actuelles ?

Je suis dans le monde des musiques actuelles depuis 1986 et j’ai toujours œuvré dans des associations fédératrices dont certaines en qualité de membre fondateur comme la Fédération régionale des petits lieux de spectacles, Zic Zag en Lorraine, le réseau associatif d’acteurs musiques actuelles lorrains, puis plus récemment Musiques Actuelles en Lorraine (MAEL) qui avait la particularité de ne pas avoir d’entité juridique et maintenant Grabuge. Dès la création de la Région Grand Est, la démarche de regrouper les acteurs musiques actuelles dans une logique de filière se présentait comme un nouveau défi collectif particulièrement intéressant à relever et beaucoup plus en phase avec les réalités professionnelles d’aujourd’hui.

Depuis peu, une nouvelle organisation est en place, devant permettre à la fois l’implication de tous les membres de GRABUGE et une action la plus fluide, la plus efficace possible. C’est bien ça ?

C’est exactement cela même si les contours ne sont pas encore tous définis ! Nous avons souhaité transformer les freins (cf. les différences importantes au sein des 3 anciennes régions) en une force. Par exemple, un groupe d’adhérents a réfléchi durant plusieurs mois au meilleur moyen de toucher et d’associer le plus grand nombre d’acteurs – dont beaucoup ne se connaissent pas ou mal, en favorisant de nouvelles formes organisationnelles dans le respect des valeurs portées par le réseau et déclinées sous forme de charte.

Solidarité, subsidiarité, transversalité sont les maîtres-mots du Réseau. S’appuyer sur la richesse et la diversité de ses membres pour relever des défis communs, telle est donc là la raison d’être de GRABUGE ?

Oui, oui et oui. C’est l’idée même d’un réseau regroupant des acteurs de toute la filière musiques actuelles, car l’ensemble de nos métiers sont intrinsèquement liés alors même que chacun d’entre eux a ses propres spécificités. Nous dépassons les clivages de chaque secteur d’activité car nous sommes convaincus que c’est en instaurant du partage de connaissances et de compétences qu’émergeront de nouvelles idées et des envies encore plus fortes de faire ensemble.

Le Réseau est encore jeune, fragile même malgré l’élan collectif du moment. Quels sont les écueils à éviter selon toi ? Quels sont les prochains caps à franchir pour le consolider ?

L’écueil principal à éviter serait à mon avis de perdre la formidable dynamique qui s’est instaurée entre les acteurs des sept familles de métiers qui constituent notre Conseil d’Administration. Maintenant que les missions sont définies, le prochain cap d’importance sera de mobiliser les moyens humains, techniques et financiers à l’échelle de notre vaste région. C’est-à-dire définir l’organisation adaptée à l’échelle régionale et les compétences nécessaires pour servir au mieux les objectifs du réseau.

D’ailleurs, pourquoi GRABUGE ? Pour peser, souder et se faire entendre ?

Pour toutes les raisons évoquées précédemment, et en résumé : partager de la connaissance et des expériences, porter de nouvelles réflexions, lutter contre les inégalités et les discriminations, s’entraider, valoriser les musiques actuelles et expérimenter de nouvelles actions.